« Au soir de sa vie, dans l’URSS de la seconde moitié du XXe siècle, Anton Kloboukov consigne ses réflexions. Journal, traité philosophique ? Non. Nous tenons là un roman – le premier d’une trilogie – qui accompagne le même Kloboukov, héritier de l’intelligentsia humaniste, dans les turbulences inouïes de sa jeunesse russe, entre le règne finissant de Nicolas II et le plus fort de la guerre civile.
Si Anton noircit secrètement ses cahiers à petits carreaux, c’est qu’il entreprend la quête audacieuse d’un principe sublimatoire de la personnalité, nommé aristonomie. On trouvera dans le livre, par chapitres intercalés, les feuilles de ce journal interdit.
Au souffle mouvementé de l’histoire s’ajoute celui de la narration. Orfèvre du roman policier à la popularité sans égale en Russie, Boris Akounine signe ici une œuvre osée qui rompt avec le genre du polar tout en cultivant la tension dramatique et le suspens dans l’obsession du principe d’humanité, comme si l’auteur voulait tordre le cou au mot fameux de Gide : “On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments.” »
Yves Gauthier